4 déc. 2025

Réparation des voitures électriques : quels impacts pour les carrossiers ?

Les véhicules électriques ne sont plus un marché de niche. Leur part dans le parc roulant progresse chaque année, et avec elle la probabilité de les voir entrer dans les ateliers après un accrochage ou un accident. Poids plus élevé, batteries haute tension, électronique omniprésente… la réparation collision change de dimension. Pour les carrossiers, cette mutation n’est pas une menace mais une formidable opportunité, à condition de bien anticiper en matière de compétences, d’équipements et d’organisation de l’atelier.

Réparation d’une voiture électrique : un véhicule pas comme les autres

Un véhicule électrique ne se résume pas à une motorisation différente. Sa conception impose de nouveaux réflexes aux ateliers de carrosserie, qui doivent parallèlement s’adapter à l’arrivée des robots et de l’intelligence artificielle :

  • batterie de traction haute tension intégrée dans le plancher, parfois structurelle, avec des zones de levage et de redressage à respecter strictement ; 

  • matériaux allégés (aluminium, aciers à très haute limite élastique, composites) pour compenser le poids du pack batterie, avec des méthodes d’assemblage spécifiques (rivetage-collage, soudures contrôlées, remplacement plutôt que redressage) ; 

  • électronique embarquée et ADAS (caméras, radars, lidars) logés dans les pare-chocs, ailes ou hayons, qui nécessitent un recalibrage après intervention pour garantir la sécurité des systèmes d’aide à la conduite. 

À cela s’ajoutent des contraintes thermiques et de sécurité : une batterie endommagée peut présenter un risque d’emballement thermique, même plusieurs heures après le choc. Les constructeurs imposent donc des procédures précises de contrôle, de consignation, et parfois de mise en quarantaine du véhicule, lors de toute intervention.

Pour le carrossier, cela signifie que les méthodes « habituelles » de redressage et de soudure ne sont plus transposables telles quelles. Il devient stratégique de s’appuyer sur les documentations constructeurs, voire sur des référentiels métiers spécifiques.

Batteries haute tension : sécurité et réglementation en première ligne

La présence d’une batterie haute tension transforme la gestion du risque en carrosserie. La réparation de voitures électriques a ses propres normes. En France, les interventions sur ou à proximité de véhicules électriques et hybrides sont encadrées par la norme NF C 18-550, qui impose une habilitation électrique adaptée aux tâches effectuées.

En ce qui concerne spécifiquement le personnel de carrosserie, la base est l’habilitation B0L, destinée au personnel non électricien travaillant sur la carrosserie, la mécanique, la peinture ou l’expertise automobile. Elle permet d’intervenir à proximité de pièces nues sous tension, en connaissant les zones interdites et les bons réflexes de sécurité.

Concrètement, cela implique :

  • de former l’ensemble de l’équipe (carrossiers, peintres, parfois réceptionnaires) au repérage des risques électriques et à la conduite en cas de choc sur la batterie ; 

  • de définir des procédures d’accueil d’un véhicule électrique (VE) : vérification visuelle, balisage, isolement du véhicule, respect des consignes du constructeur ; 

  • de clarifier qui, dans l’écosystème du garage, est habilité à consigner ou déconsigner un véhicule (souvent un technicien B1VL/B2VL côté mécanique). 

La sécurité autour des batteries haute tension devient ainsi un sujet central de management. Ces formations permettent de valoriser un positionnement « électrique ready » auprès des clients finaux et des flottes, qui cherchent des partenaires capables de prendre en charge leur parc électrifié. Et de réduire les temps d’immobilisation grâce à une compréhension fine des procédures, des limites de réparabilité et des cas où le remplacement s’impose.

Des équipements adaptés à la réparation de véhicules électriques

Se déclarer « prêt pour l’électrique » ne se résume toutefois pas à une formation. Pour être capable de dialoguer d’égal à égal avec les constructeurs, les experts et les assureurs, lorsqu’un véhicule électrique est accidenté, l’outillage de votre carrosserie doit également évoluer, au moins sur trois axes :

  • Équipements de sécurité électrique : même si vous ne manipulez pas directement les organes haute tension, la présence de gants isolants, de tapis et outils isolés, de dispositifs de consignation visuelle (étiquettes, cadenas) rassure et protège l’équipe. 

  • Postes de levage et de mesure compatibles VE : le poids plus important des véhicules et la présence d’un imposant pack de batterie imposent des points d’appui précis. Certains constructeurs préconisent l’usage de systèmes de mesure et de redressage très précis pour garantir l’intégrité du soubassement

  • Zone de recalibrage ADAS : au-delà de la tôlerie-peinture, la carrosserie doit pouvoir proposer le réglage des caméras et des radars après remplacement d’un pare-chocs, d’une aile ou d’un pare-brise. Cela suppose un espace dédié, des cibles, parfois des solutions de calibration dynamique et un logiciel adapté. 

Méthodes de réparation : repenser le geste métier sans perdre son ADN

Face aux véhicules électriques, le cœur du métier reste la maîtrise de la réparation collision : diagnostic des dommages, choix entre la réparation et le remplacement des équipements, qualité de la préparation de surface, respect des process peinture. Ce qui change, c’est le cadre dans lequel ces gestes s’exercent.

Certaines opérations deviennent plus fréquentes avec la réparation de véhicules électriques : remplacement complet de sous-ensembles plutôt que redressage, utilisation de colles structurales homologuées, contrôle systématique des jeux et alignements pour ne pas perturber les capteurs derrière les boucliers. D’autres, au contraire, sortent du périmètre du carrossier pour être confiées à un spécialiste batterie ou bien à un atelier mécatronique partenaire. Il devient donc indispensable de formaliser les limites d’intervention de l’atelier et d’organiser la coopération avec les autres acteurs de la chaîne de réparation.

Cette clarification protège l’atelier sur le plan juridique, mais surtout renforce la confiance de l’automobiliste : il sait que chaque intervenant opère dans son domaine de compétence, sans improvisation sur des organes aussi sensibles qu’une batterie haute tension.

Ces investissements sont lourds à l’échelle d’une petite structure indépendante. D’où l’intérêt de s’adosser à un réseau comme Five Star. Rejoignez-nous !